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Introduction Journées Partage de l’espace, espaces partagés.

par  Julie GARNIER Loïc LE MINOR Philippe REVEAU  et  Daniel PEYRUSAUBE  |  publié en ligne le 1 juillet 2009
   
   

   
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De la notion d’espace au sens construit de l’espace : le partage du sens
Un espace forcément social (pour paraphraser Chivallon)
Du sens implicite
Conclusion :
   
   

   
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Avant d’aborder la thématique d’étude proposée dans le cadre de ce séminaire, je souhaiterai rappeler brièvement son contexte d’émergence.

Ce séminaire est né d’une volonté de croiser les regards de nos disciplines à partir d’une thématique commune : partage de l’espace, espace partagé. Cette thématique résulte d’interrogations à la fois plurielles et unitaires, entre doctorants en géographie et en sociologie, du laboratoire Icotem, sur la question plus vaste des rapports à l’espace.

Cette attention, je vous l’accorde, n’est pas nouvelle. Ce qui l’est en revanche ce sont les changements de sens accordé à l’espace, tant dans son statut et les problématiques que lui confèrent les entreprises de recherches, que dans ses représentations et ses pratiques véhiculées par le sens commun et scientifique.

Autrement dit, les recherches en sciences sociales poursuivent aujourd’hui, leurs interrogations sur les constructions sociales et mentales de l’espace, en prenant appui tantôt sur l’espace comme contenant des relations des sujets à l’environnement, tantôt comme toile de fond explicative de ces mêmes relations. Alors que dans ce même temps, « tout ou presque se décline, curieusement, en espace », comme l’observe fort bien Georges Balandier.1

Seulement, si l’espace et ses rapports nous apparaissent à tous, comme un dénominateur commun, si l’espace désigne également désormais « la surmodernité »2 c'est-à-dire à la fois le mouvement et l’incertitude, il n’en demeure pas moins qu’il reste à poursuivre notre lecture des façons de le pratiquer, de le constituer, de le penser et de le vivre.

Dans cette logique, nous avons pris un double pari :

  • Le premier est que nous pouvons comprendre autrement ce qui se joue entre le social et le spatial, en prenant au sérieux la matérialité de l’espace dans ses prolongements sociaux, c’est-à-dire les logiques spatiales en acte dans leur forme immatérielle. L’espace ne peut se réduire à n’être qu’un support, un prétexte, un contexte physique de l’activité. Il offre, au contraire, en surface, l’image d’une strate de relations dynamiques, tour à tour physique, pratiques et idéelles.

  • Le deuxième est que les regards interdisciplinaires permettent d’améliorer la connaissance des phénomènes sociaux. La circulation des notions, l’échange et le dialogue ouverts, entre chercheurs d’affiliations disciplinaires diverses, permettent de poursuivre autrement la connaissance des phénomènes d’appropriation sociale de l’espace. Ce cheminement exposé brièvement vous explique en partie, notre parti pris de construire cette journée par un tour d’horizon disciplinaire, autour de regards pluriels et croisés.

Utilisé dans de nombreuses disciplines, la notion d’ESPACE a un rapport très privilégié avec la géographie. Sans en avoir l’exclusivité, cette discipline est tout de même la seule qui fasse de l’espace le cœur de son champ de recherche. En son temps, Paul VIDAL de la BLACHE ne disait-il pas qu’en géographie on « commence par où pour arriver à pourquoi » ! Polysémique par excellence, ce terme a d’abord un sens très large, celui de la surface terrestre dans sa totalité et où se situent les objets géographiques. L’objet central de notre discipline n’est-il pas l’étude de l’organisation de l’espace à différentes échelles, avec son environnement, ses paysages (on parle alors de spatialisation des phénomènes) et des interactions entre l’Homme et l’espace ? Comme le souligne Gilles SAUTTER, le géographe a un rapport particulier aux lieux. Cet espace est repéré et dimensionné (donc cartographiable), aménagé, socialisé mais aussi parfois qualifié de « naturel » pour différencier l’espace terrestre de l’espace humanisé ou oekoumène. Mais force est de constater qu’aujourd’hui, ces deux composantes tendent à se confondre tellement les sociétés humaines ont investi notre planète.

De plus, dans le langage courant, qui n’a pas entendu parler d’espaces verts, d’espaces montagnards, d’espaces ruraux ou urbains, d’espaces culturels et même d’espaces vécus ? C’est dire si cette notion d’espace est essentiel dans l’appréhension de ce que les géographes ont appelé l’« espace géographique ». Cette expression, assez récente puisque surtout employée à partir de la fin des années 1960 (la revue L’Espace géographique date de 1972), recouvre toute surface aménagée, modelée, produite par les sociétés et par leurs activités en vue de leur reproduction ; c’est en fait une somme de lieux et de relations, mais où le milieu naturel et les héritages historiques ont aussi leur rôle !

Chaque espace géographique inclut un système de relations sociales avec ses acteurs (individus, entreprises, collectivités territoriales, Etat…), ses lois, ses règles d’organisation, ceci de manière différentielle selon les peuples, et, chaque espace gépographique est construit par ce système. C’est un produit social qui se caractérise par des actions d’appropriation, d’exploitation (mise en valeur), d’habitation, d’échange, de gestion et qui se matérialise par une multitude de paysages aux évolutions complexes (évolutions climatiques, évolutions techniques et technologiques, mutations socio-économiques,…). Ce qui signifie qu’in fine, de partage de l’espace, on passe à des espaces partagés !

Se pose donc toujours en amont de ces processus la question du partage de l’espace dès qu’un groupe le considère comme sien !  Quelles en sont les modalités ? avec quels objectifs ? quelles méthodes de dialogue ? quels décideurs ?

Nous souscrivons ici, à l’idée d’un espace compris comme une configuration pluridimensionnelle à l’intérieur de laquelle une variété de relations sociales, spatiales et idéelles prennent place.

Il n’est donc pas question ici, de partir de catégories spatiales définies a priori mais de considérer l’espace comme un résultat de la pratique symbolique, c’est-à-dire de considérer les compétences des sujets sociaux à s’approprier le sens des dispositifs spatiaux. !!!Il faut continuer à les réinterpréter. !!!

Dans ce cadre, nous posons la thématique du partage de l’espace et des espaces partagés comme un contexte privilégié pour éclairer les organisations sociales spatiales, les processus d’appropriation des choses et des espaces du domaine commun et les rapports sociaux qui s’inventent par définitions, débordements et redéfinition des frontières spatiales et sociales.

C’est par les va-et-vient entre les dimensions spatiale et sociale des phénomènes étudiés, par les situations de négociations parfois conflictuelles nées de pratiques et de représentations diverses que nous pourrons comprendre comment les acteurs sociaux construisent et définissent leurs configurations spatiales.

Il sera donc question ici d’interrelations et d’articulations, entre la matérialité de l’espace, des formes interactionnelles, des savoirs pratiques et des formes immatérielles qui se montrent en surface, dans une situation sociale et spatiale considérée. En ce sens, nous posons l’espace comme une gamme de possible dont il convient de reconstituer les liens matériels, discursifs et idéels.

Mais il sera également question de déplacements et de perspectives. Les recherches en sciences sociales poursuivent leurs interrogations sur les processus de constructions sociales et mentales de l’espace mais peu s’attachent en définitive, à saisir ces constructions spatiales, dans tous leurs états.

Dans cette logique, nous soutenons que les regards doivent être attentifs aux différentes facettes d’un fragment de réalité sociale étudiée, en prenant en considération la diversité des points de vue et des pratiques spatiales dans différents contextes.

Mais encore que ces regards doivent se combiner, en déplaçant les focales de l’observation des corps en mouvements aux pratiques sociales et des pratiques sociales aux récits.

En amorçant ici, cette réflexion interdisciplinaire encore expérimentale, qui s’inscrit dans les axes de recherches du laboratoire (nous rappelons qu’un colloque interdisciplinaire sur la forêt se tiendra à Poitiers, en octobre 2003) nous ne souhaitons pas seulement aboutir à des formes de connaissances mais revenir à nos manières de les faire vivre, de les concevoir et de les voir. A cet égard nous rappelons les observations de Maurice Blanc : « l’interdisciplinaire est une cohabitation des points de vue ».

En d’autres termes, l’objectif de ce séminaire n’est pas de chercher à déterminer les compétences disciplinaires, ni de les noyer dans une discipline globale, hégémonique, mais de rassembler nos compétences et nos connaissances au-delà des affiliations et des cloisonnements disciplinaires pour retrouver comme l’explique Jean-Charles Depaule « l’objet complet ».

Nous commençons cette journée par l’intervention de K. Salomé (post-doctorante en histoire) qui nous emmène dans les espaces insulaires bretons. Son travail se propose d’analyser le partage de ces espaces à travers les pratiques et les représentations des insulaires et des visiteurs à la fin du 19e siècle, début 20e.


   
   

Notes


1 Georges Balandier (2001). Le Grand Système. Paris : Fayard, p. 63.
2 La surmodernité est définie par le mouvement et l’incertitude. « Etre surmoderne, c’est épouser le mouvement et vivre cependant avec l’incertitude. », op. cit, p. 57.
   
   

   
 
Pour citer cet article | Haut de page
 
   

GARNIER Julie , MINOR Loïc LE, REVEAU Philippe et PEYRUSAUBE Daniel  (2009). "Introduction Journées Partage de l’espace, espaces partagés.". Actes de la Journée d'étude des Jeunes Chercheurs ICoTEM. Poitiers, mai 2003.

Accessible en ligne à l'URL :
http://edel.univ-poitiers.fr/partesp/document.php?id=55
   

 

   

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LES AUTEURS
Julie GARNIER

ATER Université de Rennes. Doctorante en sociologie IcoTEM.

Loïc LE MINOR

ATER Faculté des Sciences du Sport Université de Poitiers. Doctorant en sociologie IcoTEM.

Philippe REVEAU

Doctorant en géographie IcoTEM

Daniel PEYRUSAUBE

PRCE Département de géographie Université de Poitiers. Doctorant en géographie IcoTEM.

MOTS-CLES
France
 
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